Avec des milliers de travailleurs représentant 88 nationalités, la sécurité et le dialogue social sont des éléments essentiels sur le chantier de l’Oosterweel. « Plus de 3,5 millions d’heures de travail ont déjà été prestées, et statistiquement, il aurait déjà dû y avoir des décès », se félicitent les partenaires sociaux.
Formation en sécurité
Toute personne active sur le chantier doit suivre une formation en sécurité, et un système d’alerte est en place pour signaler d’éventuels problèmes. Malgré ces mesures, le secteur de la construction attend encore plus de soutien de l’Europe. Certains documents, comme le certificat A1, pourraient encore être facilement falsifiés.
La Commission européenne a inscrit la « mobilité équitable du travail » dans son mandat. Ses priorités incluent la lutte contre la fraude, la coopération entre les inspections nationales et le renforcement de l’Autorité européenne du travail. Par ailleurs, une meilleure réglementation est nécessaire concernant l’emploi de travailleurs issus de pays tiers, ainsi que la gestion des sous-traitances.
14.000 inspections
Bart Stalpaert, directeur général du Service d’information et de recherche sociale (SIOD), souligne qu’un total de 14.000 inspections ont été réalisées en Belgique l’année dernière. Selon lui, la Belgique doit jouer un rôle exemplaire sur la scène européenne, ou du moins essayer de le faire. « Le chantier de l’Oosterweel joue un rôle de pionnier en matière de respect de la législation sociale », déclarait vendredi le maître d’ouvrage Lantis.
Pourtant, le projet connaît aussi de nombreuses difficultés. Après les retards et les problèmes liés aux PFAS, la Cour des comptes a une nouvelle fois tiré la sonnette d’alarme cette semaine. Les charges d’intérêts sont passées de 12 à 17 milliards d’euros, et les revenus seraient encore insuffisants pour couvrir les coûts prévus. De plus, un déficit de financement de 2,3 milliards d’euros dépasse le plafond des emprunts.
Dumping social
Pour la vice-présidente Mînzatu, la priorité est ailleurs : éviter le dumping social. En tant que Roumaine, ce sujet lui tient particulièrement à cœur. « Le secteur de la construction est crucial pour l’avenir du marché du travail européen », insiste-t-elle. « Je m’engage en faveur de la numérisation, de normes équitables, d’une mobilité du travail juste et du renforcement de l’Autorité européenne du travail. Ce n’est pas toujours facile, car l’Europe compte à la fois des chantiers gigantesques et de petits projets. »
Qu’il s’agisse de grands travaux ou de chantiers plus modestes, Mînzatu veut mettre un terme au dumping social. « C’est particulièrement important dans la construction », poursuit-elle. « Un bon emploi dans le bâtiment peut être la promesse d’une vie meilleure. Ce secteur peut ainsi sortir des personnes de la pauvreté. C’est pourquoi la mobilité équitable du travail est ma priorité absolue. »
Le maître d’ouvrage Lantis a intégré plusieurs clauses dans les contrats avec les entrepreneurs pour garantir des « conditions de travail justes et correctes ». La chaîne de sous-traitance est limitée à trois niveaux et tous les entrepreneurs ont élaboré un plan de prévention contre la fraude sociale. « Il est inspirant de voir à quel point la responsabilité sociale des entreprises est ici prise au sérieux », conclut Mînzatu.